Funériales

Formé aux humanités et à la philosophie, Gérard Blua donne ses premiers textes poétiques dans les années soixante, après sa découverte de Jacques Prévert, poète inclassable et à l’indéniable originalité. Mais il trouva très vite sa propre voie avec des œuvres fortes, où déjà apparaît la pâte du philosophe, comme Être Moi, Poétique du Beau, Qui me tuera ou Maux-Dire, ceci pour les années quatre-vingt qui virent se forger sa notoriété avec, entre autre, ce jugement de Tristan Cabral : « Ce que disent les poèmes de Blua, c’est qu’exister est une blessure permanente… Car c’est ici et maintenant qu’il faut désenfouir la cité nouvelle. » Jean-Max Tixier, de son côté, traduit cela par cette constatation : « Dès 1976, Gérard Blua pose son credo : il s’agit de savoir su tu es vivant ! La question s’adresse à lui-même et à tous… Chaque poème représente un jalon de cette quête incessante qui tient l’être debout. »

Ce jalon, deux décennies plus tard, est la trace laissée dans l’espace par la parole poétique, un recueil justement baptisé Traces, dans lequel vingt-huit textes sont dédiés par Gérard Blua à vingt-huit personnes qui ont croisé ou accompagné sa vie et son écriture. C’est sans doute qu’il a toujours considéré, dans ses rêveries le sens de la déclaration de René Char: «Un poète doit laisser les traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. » Cela explique probablement qu’avec ce nouveau recueil, Funériales, il continue ce travail de longue haleine auprès de vingt-huit nouveaux dédicataires, par poèmes interposés, pour asseoir définitivement un style original et un message qui n’a jamais failli depuis ses premiers textes. Ecoutons l’un de ses biographes, l’écrivain Valeriu Stancu : « Gérard Blua laisse ainsi des traces profondes dans l’âme de ses admirateurs, non seulement à travers sa vie exemplaire, mais aussi à travers tous les écrits dont il enrichit leurs instants, ennoblit leur vivre, leur ouvrant les horizons des rêves et des espérances, adoucissant toute l’amertume de l’existence. »