Ferdinand Bac sur la Riviera

Christian ZERRY

En 1907, Marie-Thérèse Bischoffsheim s’installe à Grasse, dans une villa construite par des hivernants anglais. Elle appartient à la lignée du marquis de Sade par sa mère, la comtesse de Chevigné, qui a inspiré le personnage de la duchesse de Guermantes à Proust. La jeune veuve se retire à Grasse avec sa fille Marie-Laure, de santé fragile.

Après son remariage en 1910 avec le dramaturge Francis de Croisset, Marie-Thérèse confie à Ferdinand Bac la rénovation de la villa. Ce descendant de Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon Ier, exerce alors ses talents d’architecte paysagiste en renouant avec la tradition du jardin méditerranéen, s’opposant ainsi à l’exotisme envahissant du siècle précédent.

Au sortir de la Grande Guerre, la villa Croisset fait partie des plus belles demeures de la Riviera et attire les célébrités de l’époque dont Jean Cocteau, Maurice Maeterlinck, Anatole France et bien d’autres.
En 1923, la villa abrite le fastueux mariage entre le vicomte Charles de Noailles et Marie-Laure. Le jeune couple va se lancer dans la construction de la fameuse villa Noailles de Hyères dont les lignes avant-gardistes sont partiellement inspirées de la villa Croisset.

À partir du journal intime de Ferdinand Bac et de l’abondante correspondance qu’il a échangée pendant plus de quarante ans avec Madame de Croisset, l’auteur a reconstitué la passionnante aventure de la villa Croisset, ce « monument de latinité », précurseur des réalisations ultérieures de la Fiorentina au Cap-Ferrat, et surtout des Colombières à Menton.